Adieu Léon Landini : une vie de résistance, de combats inlassables et de paix éternelle

crédit : https://www.initiative-communiste.fr/articles/prcf/camarade-leon-landini-tu-restes-a-jamais-un-exemple-et-un-honneur-pour-nous-tous/

Léon Landini s’est éteint le 21 septembre 2025, journée internationale de la paix, à l’âge de 99 ans, des suites d’un AVC, emportant avec lui les derniers échos d’une épopée héroïque. Dernier survivant des Francs-Tireurs et Partisans de la Main-d’œuvre Immigrée (FTP-MOI), ce résistant communiste d’origine italienne incarnait la flamme indomptable de la Résistance française. Né dans l’exil antifasciste, il a lutté toute sa vie contre l’oppression, le colonialisme et l’impérialisme, pour la paix et la justice sociale. Sa disparition marque la fin d’une génération, mais son exemple résonne plus que jamais dans un monde où les combats d’hier font écho à ceux d’aujourd’hui.

Une enfance marquée par l’exil et l’antifascisme 

Fils d’immigrés italiens, Léon Landini voit le jour le 9 avril 1926 au Muy, près de Saint-Raphaël (Var). Son père, Aristide, charbonnier originaire de Torniella en Toscane, fuit la répression mussolinienne en 1921 pour s’installer en France. « Rouge pur et dur », Aristide héberge des militants comme Palmiro Togliatti et élève ses enfants dans un militantisme fervent. « Nous avons été élevés au lait rouge », confiera Léon des décennies plus tard à L’Humanité. Son frère aîné, Roger, dirigeant de la MOI en Rhône-Alpes, et ses deux sœurs s’engagent eux aussi dans la Résistance. Dès l’armistice de 1940, à 14 ans, Léon colle des affiches anti-Pétain, semant les graines d’un engagement qui ne s’éteindra jamais.

Les feux de la Résistance, sabotages et tortures 

Adhésion au Parti communiste clandestin en novembre 1942, à 16 ans Léon intègre les FTP-MOI, ces groupes d’immigrés – souvent juifs, italiens, espagnols – qui mènent une guérilla impitoyable contre l’occupant nazi. Ses premières actions frappent fort. Le 11 février 1943, il sabote la voie ferrée Saint-Raphaël-Cannes, provoquant le déraillement d’un train de marchandises allemand. Le 26 février, il dynamite la mine de bauxite de Brignoles ; le 4 mars, il attaque un baraquement italien à Fréjus-Plage. Après un échec à l’hôtel Bellevue de Saint-Raphaël, il rejoint le maquis FTP de la Creuse, dirigé par Jean-Baptiste Virvialle.

En mai 1944, Lyon devient son terrain de lutte. Avec ses camarades, il cible soldats allemands, véhicules militaires, usines au service de l’occupant. Lors d’une opération contre un garage ennemi, il lie amitié avec Alter Mojsze Goldman, figure emblématique des FTP-MOI. Mais le 25 juillet 1944, la Gestapo lyonnaise, dirigée par Klaus Barbie, l’arrête. Torturé à la prison Montluc – nez cassé, testicules écrasés, boîte crânienne défoncée –, il ne lâche rien. « Ça a été l’horreur : à coups de pied ils m’ont cassé le nez, écrasé les testicules, défoncé la boîte crânienne. J’ai pas dit un mot », racontera-t-il. Le 24 août, lors de l’insurrection de Villeurbanne, il s’évade avec d’autres détenus, les gardiens allemands ayant fui. Premier évadé de Montluc, il participe à la libération de Lyon.F.T.P - M.O.I

Hospitalisé jusqu’en février 1946, Léon est démobilisé avec des séquelles durables. De retour à Saint-Raphaël, il devient exploitant forestier, fonde une famille, avant de s’installer en 1963 dans la région parisienne pour travailler dans la restauration collective.

Des combats post-guerre : Du PCF au PRCF, passeur de mémoire

Membre du PCF de 1942 à 2004, Léon s’oppose farouchement à la guerre d’Algérie, au colonialisme et à l’impérialisme américain. Dans les années 1990, en désaccord avec la « mutation » du parti sous Robert Hue, il co-fonde en 2004 le Pôle de Renaissance Communiste en France (PRCF), dont il est élu président, puis président délégué jusqu’en 2011. Il signe l’Appel de Thorens-Glières en 2011, appelant à raviver les idéaux du Conseil National de la Résistance (CNR).

Président de l’Amicale des anciens FTP-MOI des bataillons Carmagnole-Liberté, il transmet inlassablement sa mémoire. En 2005, il milite pour renommer une place parisienne en hommage à Joseph Epstein, dirigeant FTP-MOI fusillé. Ses archives enrichissent le Musée de la Résistance nationale. Son témoignage anime le documentaire Les Jours heureux de Gilles Perret (2013). En 2024, lors de la panthéonisation de Missak et Mélinée Manouchian, il porte fièrement le drapeau de son bataillon au Panthéon, obtenant de le laisser sur place – un geste symbolique contre l’oubli.

Réactions unanimes : un héros salué par les médias et les réseaux

La nouvelle de sa mort, annoncée par le PRCF, suscite une vague d’hommages unanimes dans les médias et sur les réseaux sociaux. L’Humanité titre : « Mort de Léon Landini, après une vie de résistance », soulignant sa fidélité aux idéaux et citant ses mots sur la peur : « Nous avions peur vingt-six heures sur vingt-quatre parce que, certaines heures, la peur compte double ». Franceinfo évoque « le dernier membre survivant des FTP-MOI », tandis que Le Figaro rappelle ses tortures et évasion de Montluc. Ouest-France et TF1 Info insistent sur son engagement précoce à 16 ans ; La Croix sur sa mort à Versailles ; Le Progrès sur son rôle dans la libération de Lyon ; Var-Matin sur ses racines raphaëloises.

Sur X (ex-Twitter), les réactions affluent, mêlant émotion et appel à poursuivre le combat. Le président Emmanuel Macron rend hommage : « Léon Landini, le dernier des FTP-MOI, nous a quittés à 99 ans. Il était un des visages de la diversité de la Résistance. Par-delà l’origine et la sensibilité politique : la France, toujours, en ce qu’elle a d’universel. » Le PCF salue « une grande figure du communisme, de la Résistance française et un grand passeur de mémoire ». Éric Coquerel, député LFI, exprime sa tristesse : « J’ai rencontré Léon à plusieurs reprises dont la dernière fois lors de la panthéonisation des époux Manouchian. » Patricia Mirallès, ministre déléguée à la Mémoire, souligne : « Ses précieux témoignages nous rappellent le prix de la Liberté et la nécessité de la défendre. »

Les internautes, eux, vibrent d’émotion. @L_ThinkTank, avec plusieurs milliers de likes, partage : « Léon Landini, dernier résistant du groupe des FTP-MOI est décédé […] Il avait mené […] de multiples actions contre les Allemands à Lyon avant d’être arrêté puis torturé par la Gestapo. » @zizifalaise lance : « Merci Léon, on continue le combat antifasciste, malheureusement toujours d’actualité ✊. Tu peux maintenant retrouver tes camarades de la Main d’Oeuvre Immigrée, que le gouvernement fasciste de Vichy a essayé de souiller avec l’affiche rouge. » D’autres voix, comme @Henri_Chassagne (MJCF) : « Immense tristesse […] Sa vie restera un exemple de courage et de dignité » ; ou @S_Bourouaha (députée GDR) : « Il incarne l’honneur de celles et ceux qui choisirent de lutter contre le fascisme. » Des milliers de posts évoquent un « vrai Français », un « héros antifasciste », reliant son legs à la Palestine ou à l’actualité politique. Même des voix critiques, rares, sont noyées dans un océan de respect.

Dernier acte : co-fondateur du GCFL pour Carmagnole-Liberté, une vie au service de la liberté et de la paix

Jusqu’à son dernier souffle, Léon Landini n’aura cessé de lutter pour la paix. Sa dernière action de vivant ? Le 8 mai 2025, il se porte membre fondateur du Groupement Citoyen France Libre (GCFL), un rassemblement transpartisan pour la paix, contre la guerre et pour le respect de la Constitution.

GCFL
Groupement Citoyen France Libre (www.gcfl.fr)  

En tant que président de l’association Carmagnole-Liberté – du nom de son bataillon FTP –, il y porte les idéaux du CNR de 1943 : reconstruire une France souveraine, juste, prosd’père, avec un État social fort, des services publics modernisés et un peuple impliqué via le référendum. « Carmagnole-Liberté, représentée par son président Léon Landini, ancien combattant FTP-MOI, médaillé de la Résistance », proclame le site du GCFL.

Toute sa vie, Léon aura lutté pour la liberté et la paix : des sabotages contre les nazis aux manifestations anti-guerre d’Algérie, des archives contre l’oubli aux appels pour une France libre et unie. (1)

Adieu, camarade. Ton flambeau brûle encore dans les cœurs des résistants d’aujourd’hui. Repose en paix, Léon – et merci.


Une cérémonie d’hommage public à Léon Landini se tiendra ce samedi 4 octobre, à 14h30 à Bagneux.
 

1) Ayant eu pour grands-pères deux figures de la Résistance dans le Sud-Ouest – l’un opérant à Latour-de-Carol, l’autre dans l’Aude –, j’ai été bercé dès l’enfance par les récits des sabotages audacieux contre les convois allemands. Ces exploits ont valu bien plus que de simples sueurs froides à ma grand-mère, contrainte de s’échapper avec mon père par une lucarne et les toits rue de la Goutine à Limoux pour esquiver une rafle visant mon grand-père. C’est avec d’autant plus de respect et d’admiration que j’honore aujourd’hui la mémoire de Léon Landini, ce résistant exemplaire dont l’engagement indéfectible pour la défense et la libération de la France résonne comme un écho à ces héros familiaux.

Journal mythique issu de la résistance pendant la libération, FRANCE SOIR propose de nombreux entretiens, tribunes, et critiques d’ouvrage issues de personnalités alternatives ignorées ou diffamées dans la presse gouvernementale.

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Article : https://www.francesoir.fr/culture-celebrites/adieu-leon-landini-une-vie-de-resistance-de-combats-inlassables-et-de-paix

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