
Elle venait d’avoir 19 ans lorsqu’elle a déposé plainte, en 2003, pour agression sexuelle contre le célèbre psychanalyste Gérard Miller. Une plainte qui semble n’avoir donné lieu à aucune enquête sérieuse, et dont on ne retrouve étrangement pas la trace.
Elle avait 19 ans. Étudiante, pleine de projets, curieuse du monde. En 2003, Vanessa dépose plainte contre le psychanalyste Gérard Miller pour agression sexuelle. Vingt ans plus tard, cette plainte semble s’être volatilisée. Effacée des registres, engloutie dans un mystérieux « dégât des eaux », comme si l’on avait voulu protéger un homme plus puissant qu’elle.
La rencontre avec une figure médiatique
À l’époque, Gérard Miller est une personnalité omniprésente du paysage télévisuel. Chroniqueur attitré dans l’émission de Laurent Ruquier sur France 2, il jouit d’une notoriété qui impressionne autant qu’elle intimide. Bien que l’homme fût alors hors de tout soupçon, Alain Soral avait lancé un pavé dans la mare en 2018 en accusant le psychanalyste d’adopter un comportement sexuellement agressif, en particulier envers Muriel Cousin.
Mais, dans un témoignage au magazine Elle, Vanessa explique qu’elle s’est rendue, accompagnée d’une amie, sur le plateau de l’émission. Miller les approche, se montre charmeur, presque paternel. Il leur propose de devenir « testeuses de spectacles », un prétexte séduisant pour deux étudiantes. Elles acceptent. Le piège est refermé.
Dans l’hôtel particulier de Miller : l’engrenage
Convaincues de se rendre à son cabinet, les jeunes femmes découvrent en réalité l’hôtel particulier du psychanalyste. Il leur fait visiter les lieux, met en confiance, puis propose une séance d’« hypnose ». Le décor est planté : lumières tamisées, paroles rassurantes, promesse d’un jeu psychologique.
Puis tout bascule. Miller se met à califourchon, défait des soutiens-gorge, masse des poitrines, pose des questions intimes. Vanessa, alors vierge, sent « son sexe dur contre sa cuisse » et ne comprend même pas ce qui se passe. Tétanisée, elle pense à fuir par la fenêtre. Le cauchemar s’interrompt grâce à un coup de fil providentiel qui leur permet de s’échapper. En larmes, les deux étudiantes jurent de ne jamais oublier.
Une plainte… disparue
Déterminée à dénoncer l’agression, Vanessa se rend à une gendarmerie des Yvelines. Elle fournit des preuves : un flyer griffonné du numéro de Miller, des SMS, des détails précis. On lui confirme qu’elle a été victime d’une agression sexuelle. On lui promet une enquête.
Mais l’enquête n’aura jamais lieu. Un an et demi plus tard, une enquêtrice l’appelle simplement pour l’informer que Miller a été « rappelé à l’ordre » car il « enquiquinait » d’autres jeunes femmes. Une tape sur les doigts, rien de plus. Puis silence.
Pire encore : aujourd’hui, la plainte a disparu. Les archives auraient été détruites par un dégât des eaux. Ni le parquet de Paris ni celui de Versailles ne sont capables de la retrouver. Une disparition qui arrange bien des gens, mais pas les victimes.
La répétition des agressions
Et pendant que la plainte de Vanessa disparaît, d’autres jeunes femmes subissent. 2004, 2014, 2020 : de nouveaux témoignages surgissent, toujours les mêmes méthodes, la même emprise. Le psychanalyste, protégé par son aura médiatique et sa réputation d’intellectuel engagé, continue à être invité sur les plateaux de télévision, présenté comme une référence.
2025 : trop tard ?
Il aura fallu attendre 2025 pour que Gérard Miller soit enfin placé en garde à vue par la brigade de protection des mineurs. Vingt ans après la première plainte, des vies brisées plus tard, une image publique soigneusement entretenue.
Vanessa, aujourd’hui quadragénaire, pose la question que tout le monde devrait se poser : combien d’agressions auraient pu être évitées si sa plainte n’avait pas été enterrée ?
par Jacqueline
Le MEDIA en 4-4-2 est un média alternatif qui dispense, non sans humour, un très bon suivi des affaires de corruption et de manipulation du régime.
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