Aimé Bille est gendarme à la BSR de Bruxelles au moment où éclate l’affaire Dutroux. Dans un livre sorti en France le 7 avril 2024, Dutroux, l’enquête assassinée, il explique comment tout a été fait pour étouffer une partie du dossier, quitte à réécrire des procès-verbaux, à refuser des informations aux élus chargés d’une enquête parlementaire, à persécuter des enquêteurs trop consciencieux et à décrédibiliser des victimes potentielles qui affirmaient que Marc Dutroux était un fournisseur d’un réseau pédocriminel qui avait infiltré les élites belges et avait des antennes à l’étranger et notamment en France.
Voir l’entretien avec Laurence Beneux sur France Soir
Traînés dans la boue par une partie de la presse, persécutés par leur hiérarchie et par des magistrats belges, avant d’être totalement blanchis dans une discrétion médiatique notable, Aimé Bille et son supérieur de l’époque, Patriek de Baets, n’ont cessé de se battre pour obtenir une nouvelle enquête parlementaire qui serait chargée d’examiner le traitement judiciaire de ce qu’on a appelé le « dossier bis » de l’affaire Dutroux, et du meurtre de la jeune Christine Van Hees, dont le corps fut découvert en 1984 dans les sous-sols d’une champignonnière désaffectée.
Les deux gendarmes se sont obstinés à pointer les nombreux dysfonctionnements qui, d’après eux, ont émaillé les dossiers d’instruction.
« Pendant 25 ans, j’ai dénoncé avec Patriek de Baets, au parquet, au parquet général, à la politique, à l’État-major de la gendarmerie. On a tout dénoncé et jamais personne n’a rien voulu faire », nous explique Aimé Bille.
« J’ai même fait une pétition en 2021, qui a été adressée à sa Majesté la reine, avec copie au premier ministre et au ministre de la justice, il y a personne, personne n’en veut ! », ajoute l’ancien gendarme qui dénonce aussi une « cabale montée de toutes pièces » pour empêcher les enquêteurs de faire leur travail.
Des présumées tentatives d’entrave à la justice couronnées de succès, puisque « ils ont gagné sur tous les plans, conclut l’auteur de Dutroux, l’enquête assassinée, écrit en collaboration avec l’écrivaine Anne Espereben, ils ont stoppé les enquêtes – c’était le but recherché – discrédité les victimes et tué les enquêteurs ». « Tuer » professionnellement, s’entend.
Pour autant, Aimé Bille ne lâche pas l’affaire. Après la sortie de son livre, il espère encore que les élus et le public vont chercher à faire toute la lumière sur les faits qu’il dénonce.
« Moi, je suis prêt, je suis prêt à me battre devant une commission parlementaire. Je veux bien parler et s’il y en a une, j’espère qu’elle sera publique. Pas pour faire du show, mais pour vraiment dénoncer toutes les saloperies de la justice belge et de la magistrature et de la gendarmerie, de collègues. C’est honteux, c’est une honte, je n’ai pas d’autres mots », s’indigne encore, presque 30 ans après, l’ancien gendarme.
Ce livre est en effet une démonstration choquante, qu’entre la lâcheté des uns et l’éventuelle sottise ou corruption des autres, on peut, pour peu qu’on veuille s’en donner les moyens, faire dérailler une enquête criminelle.
Curieusement, moins de deux mois après sa sortie, l’explosif ouvrage est indisponible en librairie et sur toutes les grandes plateformes de vente en ligne, en Belgique comme en France. On ne peut actuellement l’acheter que sur le site de l’éditeur.
Une situation qui devrait rapidement s’arranger, estime Aimé Bille avec optimisme.
France-Soir a quand même demandé une explication à Sofiadis, le distributeur du livre. Contrairement aux autres ouvrages, Dutroux, l’enquête assassinée n’est pas sur le site de Sofiadis. Nous tiendrons nos lecteurs au courant de la réponse.
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