Idéologie culturelle : à Paris, le palais de Tokyo devient-il le palais de la propagande ?

Elle s’appelle Sandra Hegedüs Mulliez et c’est une figure qui compte dans le monde de l’art. Grande collectionneuse et mécène, cette femme de goût contribue depuis quinze ans, sur ses fonds propres, au financement du palais de Tokyo, le temple de l’art contemporain à Paris.

Membre du conseil d’administration des Amis du palais de Tokyo, elle en démissionne aujourd’hui avec fracas en raison de la dérive idéologique qui sert désormais de ligne directrice à l’institution. « Les choses ont changé, écrit-elle sur Instagram, et je ne veux plus être associée à la nouvelle orientation très politique du palais de Tokyo. » Les nouvelles « causes » se nomment wokisme, anticapitalisme, pro-Palestine, etc. Sandra Hegedüs Mulliez a publié son texte sur son compte Instagram (extraits)

« Certains choix récents me semblent même moralement problématiques, explique-t-elle. Ils ne sont pas neutres et combattent mes idéaux, mon idée du respect, de la liberté et la diversité de pensée qui doit être le cœur d’une grande institution publique. » Et de nommer la goutte d’eau qui a fait déborder le vase de sa patience : « La dernière exposition sur la Palestine qui proposait, sans mise en perspective, des points de vue biaisés et mensongers sur l’histoire de ce conflit, donnant la parole, sans contradiction, à des propos violents, racistes, antisémites. » Une expo proposait même des « brochures aux propos ouvertement propagandistes », confie-t-elle à Transfuge.

Dérive générale au sein du milieu culturel

Elle poursuit : « Mais cela va bien au-delà de mon cas personnel, et même du conflit Israël-Hamas, je souhaite pointer une dérive générale au sein du milieu culturel, celle du wokisme, de l’islamo-gauchisme. » De fait, des voix commencent à s’élever pour déplorer non seulement « le filtre réducteur et idéologique du palais de Tokyo », mais une injonction générale à promouvoir ce qu’on nomme pudiquement « les évolutions de la société ».

Ainsi Fabrice Bousteau, dans son édito de Beaux-Arts Magazine (N°479 mai 2024), demande : en réponse aux pressions de toute part, « faudrait-il instaurer [dans les expositions] des quotas d’artistes en fonction de leur origine géographique, voire sociale, ou de leur genre ? » Il y est « profondément opposé », et il le dit : « Les artistes, écrivains, réalisateurs doivent être jugés au regard de leur créativité et de la qualité de leurs œuvres et non en fonction de la place qu’ils accordent aux femmes, hommes, noirs, blancs, hétérosexuels, LGBTQIA+, africains, européens, etc. »

C’est pourtant la ligne qu’a choisie le palais de Tokyo : sa programmation apparaît comme ouvertement militante. L’exposition « Signal », qui s’y tient actuellement, est ainsi consacrée au travail de Mohamed Bourouissa, qui « dresse des récits collectifs puisés aux racines de l’amertume (seum, en arabe) », nous dit-on. De l’Algérie où il est né à Gennevilliers où il vit, on y approfondit « l’analyse de l’aliénation mentale au cœur des dominations coloniales » via un détour par Philadelphie « et sa communauté de cow-boys noirs jusqu’au ciel de Gaza ».

Et si l’on s’intéressait un peu aux artistes nationaux ?

Mohamed Bourouissa a convié des amis qui se nomment Neïla Czermak Ichti, Collectif Hawaf, LILA, Abdelmajid Mehdi, Ibrahim Meïté Sikely, Christelle Oyiri. Et pour faire bonne mesure, l’exposition collective qui se tient à côté, « Dislocations », rassemble quinze artistes, venus d’Afghanistan, France, Irak, Iran, Liban, Libye, Myanmar, Palestine, Syrie, Ukraine. Tous artistes « dont le travail est marqué ou informé par l’expérience de l’exil, du déchirement entre ici et ailleurs, entre passé et présent ».

Pourquoi pas, mais pourquoi seulement cela ? Pourquoi toujours « l’Autre » et sa souffrance ? Au point que Fabrice Bousteau pose LA question : « Faut-il à présent, comme le suggèrent plusieurs études, que tous les établissements culturels français […] accordent davantage de place aux artistes nationaux ? » Sans quotas, mais parce qu’ils existent, eux aussi, et parce qu’ils le valent bien !

BOULEVARD VOLTAIRE est un média indépendant orienté à droite très critique sur la religion et la culture en France.

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Article : https://www.bvoltaire.fr/ideologie-culturelle-a-paris-le-palais-de-tokyo-devient-il-le-palais-de-la-propagande/

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