Comment les Américains ont réussi à saborder leur brillante stratégie ! L’incompétence au carré – Jules Seyes

Zbigniew Brzezinski conseiller des présidents US pendant la guerre froide. Se désignant lui-même comme "le dernier polonais capable de s'opposer à la Russie"

On connaît tous la stratégie américaine fixée par Brzeziński dans son livre le grand échiquier : se servir de l’Ukraine et de l’étranger proche pour affaiblir la Russie avant de provoquer son explosion était une approche brillante.

Alors, une fois la Russie solidement sous contrôle, l’heure aurait pu sonner de mener la même approche avec la Chine. Du point de vue des intérêts américains et de leur classe dirigeantes, la stratégie était brillante. Si elle avait réussi, les ressources de la Russie et la main d’œuvre chinoise auraient pu être exploitées pour fournir la rente des dirigeants US, sans parler de payer le fameux complexe militaro industriel.

L’empire US aurait donc été couronné d’une domination mondiale, incontestable. Il serait resté le front intérieur : je vous rappelle que l’empire romain est probablement mort de ses guerres civiles qui l’ont ravagé. Sans cela, on peut se demander s’il n’aurait pas pu annexer le bassin Danubien et surtout, peut-être écraser les Parthes. Mais, bon, soyons optimistes, le peuple américain semble largement écrasé et incapable de seulement concevoir l’extraordinaire domination qu’exerce sur lui sa classe riche. Nous écarterons donc ce « détail ».

Admettons-le, Monsieur Brzeziński a mérité son salaire et sa réputation, alors pourquoi sommes-nous confrontés à une guerre perdue ? Eh bien, c’est vieux comme Clausewitz, on est toujours trahi par les exécutants.

Dans la guerre, tout est simple, mais le plus simple est difficile

Carl von Clausewitz

Nos amis américains ont perdu de vue cet adage, il fallait provoquer l’effondrement de la Russie, fort bien. La guerre de Tchétchénie avait humiliée le gouvernement Eltsine. Partout ailleurs les mouvements pour faire advenir les révolutions de couleurs étaient mis en place avec des réseaux d’individus payés par les États-Unis pour modifier l’organisation politique. (Comment appelle-t-on en morale traditionnelle un individu payé par une puissance étrangère pour modifier le régime politique de son pays ? Avant « combattant de la liberté », on utilisait le terme de « traître » et ces individus étaient passibles de la peine de mort, je sais, c’est vieux). Les américains avaient réussi à moralement glorifier leurs agents chargés de faire le sale travail.

Grâce à Hollywood, le discrédit de l’URSS après 1989 et les médias, l’Amérique pouvait placer ses hommes partout et prendre le contrôle. L’OTAN fut étendue à l’est. L’UE a payé, puisque cette extension fut parallèle à l’intégration dans l’UE qui a assumé des transferts financiers lourds, pour créer une prospérité dopée à nos frais (Les fameux fonds européens et les délocalisations).

Jusque-là, sans faute. Maintenant, voyons où cela n’a pas fonctionné.

Lorsqu’une organisation réussit trop, elle développe une tendance à l’arrogance, à toujours répéter les mêmes stratégies et commence à commettre des erreurs. Après dix ans de succès extraordinaires, la machine a commencé à s’enrayer.

Alors, constatons les manquements avant de nous pencher sur la phase peut-être plus complexe d’identifier les origines de cette série d’erreurs.

Dès 2008, le discours de Munich de Vladimir Poutine marque un début de raidissement.

En 2010, le peuple ukrainien vire par élection la fine équipe issue du coup d’état de 2004 (pardon, on dit révolution orange). Le candidat chassé en 2004 revient sanctifié d’un vote cette fois incontestable.

Ensuite, viennent différentes révolutions de couleurs qui échoueront, l’ultime étant en Biélorussie.

2014, le Maïdan réussit, mais demi-victoire, l’Ukraine éclate en guerre civile, la Russie récupère la Crimée et il est impossible d’intégrer ce pays dans l’OTAN.

La réforme constitutionnelle de Russie est validée en 2020 malgré l’opposition de tout l’appareil médiatique occidental.

2022 la guerre civile ukrainienne s’étend avec l’intervention russe dans le conflit.

A partir de là, malgré des contres offensifs mineure si on en analyse l’effet à posteriori, l’armée Ukrainienne essuie une longue série de défaites qui nous familiariserons avec la géographie de ce territoire. À chaque fois, les Russes briseront les unités de défense de l’armée ukrainienne, la réciproque reste à réussir.

Certes, nos médias mettront en valeur le moindre fait d’armes, donc reprendre un champ ou un demi-village devient une victoire digne d’Alexandre le grand. Dommage, ce cher La Ferrière[1] qui se montrait si méprisant pour quelques arpents de neige n’est plus des nôtres pour apprécier la manière dont les gazettes peuvent mettre en valeur un succès[2]. Avec LCI nous aurions brodé sur nos succès dans cette région et personne n’eut remarqué en France que nous avions perdu la guerre de sept ans.

Je m’égare, ou pas… la meilleure arme de la stratégie occidentale fut ses médias qui formaient le narratif mondial. Pourtant, entre 1990 et 2023, l’épée s’est émoussée. Certains s’efforcent de leur donner encore une présomption de légitimité, mais le simple fait de recourir à des mercenaires (pour ceux qui doutent, regardez le fond Marianne) montre un outil aux abois.

De fait, on constate que face au raidissement de la Russie, les actions accélèrent et deviennent contre productives. Au lieu de laisser les modifications sédimenter pour habituer les populations, les Américains et leurs hommes de mains multiplient les opérations[3] sans s’arrêter.

Certains aux Etats-Unis parleront d’ailleurs de commencer la guerre contre la Chine avant même d’avoir vaincu la Russie en Ukraine. Bravo, ouvrir un nouveau front dans une guerre perdante, n’a-t-on jamais appris aux « héritiers » de Brzeziński l’adage diviser pour mieux régner ?

Pourquoi ? Là, nous quittons les faits pour entrer dans l’analyse et nous allons repartir en arrière.

Tout d’abords, constatons, sans nous y arrêter que l’ensemble des armes américaines ont faillis en Ukraine. Le discours médiatique fut contesté dès le premier jour. En terre occidentale, par les blocs d’oppositions grandissants depuis des années grâce à une politique sociale hostile aux peuples et renforcés par le narratif du COVID.

Dans le tiers monde, ou sud global, là aussi, une presse est née et elle s’affirme depuis la naissance d’Al Jazeera. Elle s’affirme comme source concurrente.

Une seconde arme faillit : la puissance financière avec l’usage sans résultat des sanctions, mais en réalité, cet aspect est mineur. Les sanctions étaient bien conçues, elles auraient dû fonctionner. Sauf que, des ânes même avec de bonnes armes peuvent les saboter et pendant des années ils n’ont cessé de communiquer le plan aux russes. Faut-il s’étonner d’un échec devant tant d’inconséquence ?

La troisième arme qui échoue est le militaire. Les performances tactiques de l’armée ukrainienne sont lamentables. Certes, ce sont des bandéristes et nous savons depuis Himmler que les SS ne sont bons qu’à faire détruire le meilleur matériel de leur camp pour donner une illusion d’efficacité. Pourtant, cela va plus loin. Observez bien la fameuse contre-offensive : L’OTAN aurait dû savoir que les moyens ne permettaient pas de percer et pourtant elle fut lancée.

Comment peut-on avoir commis un tel gaspillage de ressource ? L’OTAN avec ses moyens de renseignements ne pouvait ignorer les positions russes. S’ils avaient échoué, ils avaient la possibilité de regarder les vidéos You Tube où des cartes étaient régulièrement données. Même LCI avait avant l’offensive montré une partie des travaux d’aménagement. N’importe quel sergent aurait réussit l’analyse.

Sauf que… l’occident réalise que l’épée est faussée et qu’il n’existe pas de solution doctrinale. Alors, comment masquer une erreur et éviter de l’admettre ? Je vous donne un truc de guerre administrative : Diluez-la entre suffisamment de responsables et insistez pour que plus personne ne s’intéresse à l’élément déclencheur. Ce fut fait. Si les Ukrainiens n’avaient pas lancé leur offensive et passé leur tour pour ménager leurs forces afin de forcer les Russes à attaquer et leur tomber dessus avec des contre-attaques[4] que ce serait-il passé ? Tout le monde aurait compris que l’Ukraine subissait l’ascendant russe et avait perdu l’initiative stratégique. Des questions auraient été posées, et la faillite doctrinale serait apparu avec les responsabilités (Coucou mon général et oui monsieur Jean-Paul Paloméros ancien commandant allié « Transformation » au sein de l’OTAN de 2012 à 2015. Vous demander votre rôle dans ce désastre serait passionnant, pourquoi les journalistes ne vous posent-ils pas cette question ? Des commentaires ?).

Eh oui, la doctrine a échoué, l’OTAN à force de s’attaquer à des djihadistes en djellabah a perdu la puissance pour faire la guerre. Pire, l’industrie ne suit pas, l’échec le plus surprenant à mes yeux, tant une dizaine de logisticiens compétents auraient fait mieux.

Et cette force militaire, qui a certes de beaux restes avec dans son arsenal quelques gros tas de ferrailles, veut s’attaquer à la Chine ? Allons, si la bataille n’a pas encore commencé, c’est sûrement car malgré tout, il demeure quelques gradés compétents capables de modérer leurs collègues. L’écart entre la posture publique et la réalité du désastre vous explique pourquoi ces gens deviennent fous (Faites-vous plaisir, trouver les comptes rendus des exercices du Pentagone ou l’équipe chinoise a vaincue la Navy).

Toutes ces faiblesses auraient dû être identifiées avant de lancer l’Ukraine. L’échec des révolutions de couleurs aurait dû conduire à une révision drastique du calendrier. Poutine, principal caillou dans la chaussure vieillit et s’il n’a pas encore ses quinze cancers, il suffisait de lui laisser dix-quinze ans pour tomber sur une Russie en cours de transition (oui, à partir d’un certain âge, les cancers ou autres maladies finissent par arriver. Demandez à un certain Francois M, ex président de la république.).

Il était donc urgent d’attendre en 2021, il suffisait de lâcher un peu de lest en Ukraine, pour gagner du temps. Une loi d’autonomie, une amnistie pour le Donbass et les Russes auraient de par leur rhétorique été contraints de ne pas intervenir. Au contraire, l’armée Ukrainienne se concentre dans la région, l’Ukraine cherche la guerre et la trouve.

Pourquoi ? Comment expliquer une telle erreur d’emploi du temps ? Il fallait attendre on accélère.

Certes, la formidable endogamie du système favorise la reproduction sociale. Avec des génies comme Nulland (rappelez-vous de ses conversations téléphoniques d’une élégance rare), Bruno Lemaire ou madame Van der Leyen, mais il y a en a tant d’autre personne n’accusera nos dirigeants d’un excès de neurones, de sensibilité ou d’empathie.

Ils ont sous-estimé la Russie, ses compétences comme ses ressources. Certes, V.Poutine n’est pas Bruno Lemaire. L’un écrit des articles profonds, l’autre rédige des livres pornos, pourtant on pariera sans trop de risque que le second se croit plus brillant.

Il existe pourtant des raisons plus profondes : La crise de 2008 et sa gestion lamentable pour défendre les rentes sonne comme le détonateur d’une bombe dont le tic-tac résonne douloureusement à l’oreille de nos dirigeants. Il a fallu revaloriser les bilans à la limite de la soutenabilité des flux de génération de cash qui les sous-tendent. Or, monter la bourse ou l’immobilier serait nécessaire pour relancer un nouveau tour de manivelle et préserver le système encore dix ans.

Il fallait donc du butin, la Russie vite…, la Chine ensuite comme nous l’avons vu. Mais l’horloge empêchait d’agir intelligemment. Il importait d’aller vite, alors que la tactique recommandait de prendre le temps et de laisser agir les acides déposés dans les autres systèmes.

Mais là encore, pourquoi cette résistance ?

Je vais ici séparer deux aspects, la résistance Chinoise et la Russe.

La Chine est emportée par ses investissements, le parti communiste s’est engagé dans un accord avec sa population croissance du niveau de vie contre monopole du pouvoir. Le pouvoir Chinois se contente de poursuivre, avec un certain talent la politique engagée dans les années 1970. Il suffisait là aussi d’attendre et de laisser les gigantesques déséquilibres nés de sa croissance la mettre en difficultés. Il suffisait de laisser la Chine affronte les problèmes environnementaux de ses centrales à charbon, le vieillissement accéléré de sa population. Au contraire, les Américains viennent lui offrir un adversaire ? On peine à comprendre.

Franchement pour qui se souvient de Mitterrand qui nommait des ministres communistes pour mieux leur faire le baiser de la mort c’est un anathème, mais le président socialiste avait le temps pour lui (joint à un goût certain pour la trahison et un mépris bien placé des petitesses de l’humanité. Un récipiendaire de la francisque dispose forcément de bons exemples.).

Nous avons vu les raisons pour commettre ces erreurs, il fallait accélérer et nous avons donné au PCC les moyens de renforcer son emprise.

La partie Russe est plus intéressante. L’occident avait là, toutes les armes. Un état en déshérence, une classe d’oligarques désireux de pomper les actifs pour se faire accepter comme laquais par les pays d’occident. Le mythe d’Hollywood, la fascination Russe pour l’occident créaient un climat favorable. Il suffisait de le renforcer, étape par étape pour laisser agir les acides.

Au contraire, voyez la lutte occidentale contre la réforme constitutionnelle russe de 2020. Oui, Poutine les ennuyait, il avait bloqué toutes les révolutions de couleurs en Russie, bien sûr. Mais de là à voire nos ambassadeurs ou nos médias se déclarer contre ? Il fallait ignorer, laisser Poutine gagner et ensuite laisser agir l’opposition (la pro occidentale, celle des mercenaires qui vivent de l’argent US). Nous avons tout fait pour braquer le peuple russe, lui fournir un ennemi identifié. Quelle était l’utilité de déployer des banderoles LGBT aux fenêtres des ambassades occidentales à Moscou ? Il s’agissait d’une ingérence.

Désolé, la bonne ingérence doit être discrète, nos amis américains devraient se rappeler des travaux de leurs agents dans la France de Vichy où ils ont si bien su encadrer la France collaborationniste pour lui offrir un maître de rechange au moment où pour cause de défaite elle s’est retrouvé orpheline de son si délicieux monsieur Hitler.

Radicalisation, mais cette erreur vient bien sûr de l’échec de toutes les tentatives de renverser Vladimir Poutine et l’appareil de pouvoir qui s’est cristallisé autour de lui. Parlerons-nous de Navalny, individu viré de la fonction publique pour détournement de fonds, puis homme d’affaires poursuivit pour escroquerie. Voilà tout ce que nous avons trouvé pour incarner l’avenir démocratique de la Russie. Ces mouvements feront des scores misérables aux élections russes. Là encore, le temps semble avoir manqué pour organiser un casting digne de ce nom. (Sans parler d’écouter ce peuple, si vous voulez voire les gens voter pour vous, essayer de comprendre leurs désirs. On peut toujours trahir une promesse, mais il faut au moins faire les bonnes).

Et en réalité, le véritable problème est Poutine. Il fut choisi car pro occidental et brillant dans l’entourage de Boris Eltsine et pendant des années il a tenté d’obtenir un accord. Sauf que… il s’est retourné contre nous. Alors, bien sûr, là, ce sont des faits, mais il faut comprendre sans psychiatriser les mobiles de ce retournement.

Pourquoi cet homme choisit pour finir d’enterrer la Russie a-t-il remis en place les gens des services de sécurité ? Bien sûr, il fallait une force capable d’équilibrer les oligarques et réussir à équilibrer les forces mafieuses, vous n’y parvenez pas avec des roses et des bisous. Poutine, issu de ce milieu a probablement eut un effet retour maison. Pourtant, cela va plus loin, le retour des services de sécurité aurait dû se jouer en remplaçant Poutine or, au contraire il en prendra la tête et épargnera à la Russie une querelle de pouvoir qui aurait été bien utile pour les intérêts occidentaux (peu importe le vainqueur, à la rigueur une longue bataille aurait déconsidéré le peu de prestige restant à ce moment à l’état russe).

Il s’est donc passé quelque chose qui a partiellement modifié l’allégeance de Poutine. Certes, il y aura les multiples portes lancées dans sa figure. (Rappelez-vous l’affaire des Mistrals où nous avons brisé un contrat signé et payé, il y en eut bien d’autres.)  Est-ce suffisant ? Probablement pas, en réalité, je vais m’autoriser une hypothèse osée :

Rappelez-vous le Koursk, bien sûr ce sont les Russes qui par incompétence ont fait sauter leur sous-marin. Enfin, ça c’est l’explication officielle, il en existe une autre. Un sous-marin occidental se serait trop approché, peut-être pour suivre les essais et le Koursk aurait encaissé une torpille. Pour éviter de rendre l’affaire publique, Poutine, aurait laissé mourir les marins au fond de l’eau. La Russie n’aurait pas pu demander des comptes et survivre si l’affaire avait été publiée dans cette forme.

La raison d’état commandait donc l’abandon des marins, des compagnons d’armes pour un homme issu de l’appareil militaro sécuritaire. Peut-être cette expérience a-t-elle jouée. Si cette hypothèse est vraie, nous aurions pu reconnaître une erreur, admettre et aider les Russes à sauver leurs hommes.

Mais, les Russes ne sont pas des hommes surtout dans ces années-là. Aux yeux de nos dirigeants, nous avons contraint Poutine à couvrir. Comment vit-on avec une telle culpabilité ? Peut-être en organisant la revanche ?

Voilà comment on sabote une stratégie brillante par un type taré qui appuie sur la gâchette !


[1]Ministre de Louis XV durant la guerre de sept ans.

[2] on ne cherche point à sauver les écuries [c’est-à-dire le Canada] quand il y a le feu à la maison.
Guerre de la Conquête — Wikipédia (wikipedia.org)
Voltaire qualifiera le Canada de quelques arpents de neige.

[3] Au passage, je vous conseille l’excellent sketch de Zellenski : Zelenksy Jokes About Being A “Henchman For America,” Does Nazi Salute (ugetube.com), hilarant si vous appréciez l’humour OTANNIEN.

[4] Pardon, c’est une stratégie moins idiote que celle lancée, mais bon, je peux le dire maintenant que la défaite est consommée.


Jules Seyes

Jules Seyes (nom de plume), publie des livres et des articles dans plusieurs médias (Média 4-4-2, Donbass Insider, Observatoire de la Propagande). Contrôleur de gestion essentiellement dans les usines automobiles, cette expérience imprègne son analyse des questions productives et économiques, avec un soin particulier apporté à la technique et la rigueur des chiffres. Sa biographie

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